Le bureau de tabac
Le Bureau de Tabac est un magasin qui par définition connaît beaucoup de choses de la civilisation. Il se pavanne dans la rue, de son enseigne souvent rouge sur laquelle on peut lire T A B A C, le plus souvent de haut en bas. Le marketing, il sait y faire. Le Bureau de Tabac, que j'appellerais dorénavant BaT, parce que, flûte, ça va revenir souvent, et c'est pas le plus rapide à taper, le BaT donc est toujours là pour attirer l'oeil du passant. Les BaT sont les moins discrets, avec leurs amies souvent proches Pharmacies.
Ce magasin de services, par son côté kiosque, est toujours au courant de tout. Il reçoit les nouvelles avant vous. Et je ne parle pas que des nouvelles de village, colportées par Durand ou Dupont, qui sont des habitués, et qui connaissent tout sur la vie de leurs patriotes. Non. Le BaT sait tout car la livraison du journal se fait avant que le premier client arrive. Ce qui est normal, sinon, ça forcerait ce même premier client à arriver plus tard, ça le mettrait en retard pour son boulot, du coup son patron lui en voudrait, le virerait, le client n'aurait plus l'argent pour acheter son journal, bien qu'il en aurait, a fortiori, le temps. Le Bat s'y connaît donc autant en politique qu'en vie privée des stars, en science, en jeux fléchés, en cadeau du journal de mickey. Là où j'ai grandi, on trouve une bibliothèque juste à côté du BaT. A bien y réfléchir, si l'on lit tout ce que le BaT a proposé comme lecture, on en apprendrait plus qu'à la bibliothèque.
Mais le BaT n'est pas qu'un magasin de savoir. Le BaT, il connaît la vie sauvage aussi. Le BaT, c'est un dealer de drogue. D'ailleurs il s'en cache pas. Il le dit, ici tabac. Il est bon dealer, dans la rue c'est pareil, le mec te dit "tu veux de l'herbe/ecsta/héro/coke". Si ça marche pour les BaT, je comprends que ces mecs s'en inspire. Le BaT, c'est le premier dealer pour les petits. Il vend des bonbons. Qu'est-ce qui pousse les premiers vendeurs de porno, les premiers vendeurs de tabac, des trucs d'adulte, des trucs de grand, à vendre des bonbons ? Et je ne parle même pas de tous ces jeux d'argents, qui ne sont dûs qu'au hasard et qui font dépenser des fortunes au simple passant venu tenter sa chance.
Finalement, le BaT, c'est un animal qui me fait penser au chat, à la fois sauvage et civilisé, il joue sur tous les plans pour survivre. Il peut se faire attractif, en apprenant aux petits à venir souvent, revenir quand ils seront plus grands. Son pelage d'affiche de Voici, Gala ou Entrevue attire le client lambda, curieux de savoir ce qui ne change pas. Pourtant quelques soient ses habitués moins frivoles, moins appâtés, ou bien des accrocs aux services de monsieur le buraliste, il y a toujours ceux qui viennent chercher le savoir, dans le dernier magazine de science ou la presse people. Il y a ceux qui veulent juste s'amuser, se nourrir de bonbons, trouver un nouveau jeu sympathique. Il y a ceux qui viennent chercher l'élément de leur survie. Il y a ceux qui sont là, parce qu'ici, on y retrouve ce qui fait la vie.